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L’effet
de surprise provoqué par les résultats du premier tour de l’élection présidentielle
tient surtout à l’ampleur des phénomènes qui ont marqué ce scrutin. Mais
personne – surtout pas les communistes – ne peut considérer sérieusement
le 21 avril comme un coup de tonnerre éclatant dans un ciel serein !
Depuis
des années, d’élection en élection l’abstention se faisait plus forte et
plus déterminée. Elle devenait un moyen d’expression politique, utilisé par
des millions d’hommes et de femmes pour dire leur refus d’accepter que
« la politique » les traite en « clients » d’une
« offre » ignorant leurs
besoins concrets et immédiats, leurs aspirations. Une « offre »
ignorant jusqu’à leur existence en tant qu’individus singuliers, citoyens
voulant qu’on les écoute, qu’on tienne compte de leurs idées, de leurs
actions personnelles et collectives pour leur emploi, leur formation, leur vie
quotidienne et leur avenir – bref, leur volonté que la politique soit faite
pour eux, et avec eux.
L’absence
persistante de réponse concrète crédible à cette exigence a provoqué un
autre phénomène, « explosant » littéralement le 21 avril :
la montée des votes protestataires, populistes, xénophobes, « extrémistes »
et en faveur de la préférence nationale.
Pour
comprendre cette évolution, on ne peut sous estimer l’importance qu’ont eu
pour celles et ceux qui ont le sentiment d’être des laissés pour compte et
souvent souffrent le plus des inégalités, la déception, l’amertume, le
ressentiment parfois violent à l’égard d’une gauche portée au pouvoir par
leurs votes deux ans après leur grand mouvement contre la politique du
gouvernement Juppé. Cette gauche a certes fait des choses positives. Mais pour
les plus en difficulté, ce qui
reste c’est que non seulement elle n’a pas répondu à leurs attentes, mais
que, par la voix dominante, et souvent seule entendue du Parti socialiste, elle
n’a cessé de leur vanter l’excellence de son bilan.
Dans
ces conditions, ce qu’ils ont retenu du Parti communiste, ce n’est pas le
travail effectué par ses parlementaires et ses ministres, avec leurs
incessantes propositions pour que l’on réponde aux attentes populaires. Ce
n’est pas l’avertissement lancé en septembre 2000 par Robert Hue :
« la gauche va dans le mur ». Ce ne sont pas les mises en garde répétées
contre « l’autosatisfaction » de Lionel Jospin, contre le poids
sans cesse croissant des sociaux libéraux et d’une technocratie arrogante et
ignorant le peuple. Ce qu’ils ont retenu, c’est que mises en garde et
avertissements n’ont pas été suivis d’effet.
Ce
qu’ils ont en fin de compte retenu du Parti communiste, ce n’est pas qu’il
entendait et comprenait leur amertume, leur ressentiment – qu’il était
« avec eux », mais que même en critiquant, en contestant, en
proposant … il était avant tout « avec » le Parti socialiste. Et
qu’il voulait continuer. Autrement, certes, mais « continuer »
…. alors qu’eux voulaient crier : « cette politique, ça suffit ! ».
Mais
il y a sans doute plus important encore. C’est qu’à l’issue d’une période
de vingt ans durant laquelle le Parti communiste français aura été le second
« pilier » de la gauche de gouvernement – participant au
gouvernement, n’y participant plus mais s’inscrivant dans la « majorité
présidentielle », puis avec la gauche parlementaire dans l’opposition
aux gouvernements de droite, et à nouveau au gouvernement pendant cinq ans –
ce qui a émergé dans les consciences, c’est que le PCF est désormais
totalement intégré à ce système politique « loin des gens » dans
lequel droite et gauche « institutionnelles » alternent au pouvoir
sans jamais remettre en cause les diktats du capitalisme mondialisé.
N’avons-nous
pas nous-mêmes contribué à installer l’idée que la participation
aux institutions comme manifestation nécessaire de « l’utilité »
du parti afin de « relayer » le
mouvement social jusqu’au gouvernement constituait l’aspect essentiel de sa
mutation ? Au point que cette mutation est apparue comme visant d’abord
à l’intégration du PCF au système politique. Comment s’étonner, alors,
du transfert vers l’abstention-sanction ou vers les votes protestataires et
populistes d’électrices et d’électeurs communistes excédés, voulant
crier avec des millions d’autres citoyens leur rejet de ce système !
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Mûries
pendant longtemps, les évolutions qui ont conduit aux résultats du 21 avril,
puis à ceux des élections législatives, témoignent d’un véritable
bouleversement en cours – en France et dans le monde – dans la relation
entre les citoyens et la politique.
Ce
mouvement de fond, le Parti communiste français a eu le mérite d’en mesurer
toute la portée positive pour une vision moderne et démocratique de la
transformation sociale. Nos dix derniers congrès en témoignent. Ils montrent
aussi que la tâche s’est avérée plus difficile que prévu. Il n’y eut pas
que des pas en avant, mais aussi des hésitations, des tergiversations, des
« coups de frein », voire des reculs. Et beaucoup de difficultés à
accorder les actes et les comportements avec les avancées de notre réflexion.
Ainsi,
notre campagne présidentielle s’est engagée sous le mot d’ordre « La
France c’est vous », affirmant une certaine prise en compte de
l’aspiration citoyenne grandissante, mais, jugeant ce mot d’ordre « trop
peu porteur de contenu communiste », on l’a tout simplement abandonné.
Ainsi
encore, après l’affirmation dès l’été 2001 qu’il fallait dépasser
« la gauche plurielle », pour « une autre politique à gauche »,
c’est une autre orientation qui a marqué le début de la campagne : le
vote communiste pour « infléchir » la politique de Lionel Jospin.
Certes la critique de la gauche plurielle sous hégémonie socialiste, et
l’appel à une autre politique, faite autrement à gauche ont été repris en
fin de campagne. Mais il était visiblement trop tard pour que ce soit entendu.
Et d’ailleurs, la portée et la « lisibilité » de ces propos n’étaient-elles
pas brouillées dès lors qu’on affirmait en même temps vouloir avant tout
« aider » la gauche à gagner, grâce à un bon résultat communiste
au premier tour avec report des voix assuré au second. Ce qui plaçait irrémédiablement
le candidat communiste en position de force d’appoint du candidat socialiste
…
Il
est tout à fait légitime que les communistes veuillent débattre de la façon
dont a été « gérée » pendant cinq ans notre participation au
gouvernement, et plus généralement de notre stratégie, de notre politique,
ainsi bien sûr que du contenu et de la conduite de la campagne du parti, de sa
direction, et de son candidat à l’élection présidentielle. Il faut qu’ils
disposent de tous les éléments pour le faire. Et il faudra tirer toutes les
conséquences des critiques, idées et propositions qui sortiront de ce débat.
Mais
on ne peut s’en tenir là. Pour aussi dure qu’ait été notre chute électorale
le 21 avril 2002, confirmée le 9 juin, la tendance au recul ne date ni de ces
élections ni de la participation au gouvernement Jospin, ni même des années
1980. C’est dès la fin des années soixante, et surtout dans les années
soixante-dix que s’est amorcée une véritable spirale du déclin électoral,
accompagnée d’une perte significative d’influence et d’organisation, à
la fois dans le monde salarial – particulièrement le monde ouvrier -, dans
les milieux les plus populaires, et dans le monde intellectuel.
L’analyse
des différentes causes de cette évolution – notamment celles qui tiennent au
Parti communiste lui-même – reste à faire. Mais comment ne pas noter que
l’entrée dans cette spirale du déclin a coïncidé avec les événements
survenus en France et dans le monde dans cette période, autour de 1968. Très
précisément au moment historique où le communisme du XXème siècle a commencé
à perdre pied dans son affrontement avec le capitalisme. Des problèmes
nouveaux surgissaient, liés aux progrès fulgurants des connaissances, des
sciences et des technologies, à la révolution informationnelle naissante et à
la montée d’aspirations nouvelles – notamment concernant les droits de la
personne humaine. Avec sa mondialisation le capitalisme a donné des réponses
préservant, et même renforçant et étendant sa domination. Le communisme du
XXème siècle n’a pas su ou pu trouver des réponses à des questions qu’il
a souvent commencé par nier, en France comme ailleurs.
Ce
qui est en cause, c’est bien « le communisme du XXème siècle »,
fondé dans la foulée de la Révolution d’octobre en Russie, avec des
conceptions théoriques et pratiques spécifiques, différentes – parfois
radicalement – de ce qui avait fait jusqu’alors le communisme – comme idéal,
comme pensée, comme action – dans plusieurs pays, notamment en France.
« Le
communisme n’est ni un état (ou ordre des choses) qui doit être créé ni un
idéal sur lequel la réalité devra se régler… mais le mouvement réel qui
abolit l’état de choses actuel » soulignait Marx, affirmant par
ailleurs que « le libre développement de chacun est la condition du
libre développement de tous ». Ignorant la première affirmation et
lisant la seconde à l’envers, le communisme du XXème siècle se présentait
lui-même comme un état à créer, un idéal auquel il fallait conformer la réalité,
un modèle de société, un nouvel ordre, un nouveau système économique et
politique, qu’il fallait « instaurer », « édifier ».
Et il fallait dans chaque pays un parti d’avant garde ayant pour objectif de
créer les conditions pour instaurer, édifier, ce nouvel ordre, ce nouveau système,
cette nouvelle société.
C’est
à partir de cette matrice que s’est constitué le communisme du XXème siècle.
Et avec toutes ses spécificités – les distances prises parfois avec les modèles
de société étatique et les dogmes comme les corrections de trajectoire ou les
remises au pas qu’il a vécues – le PCF est l’un des fruits de cette
matrice (« le meilleur » prétendait-il dans les années 1950).
C’est
pourquoi – nous l’avons appris à nos dépens dès les années 1980 – il
ne lui a pas suffi de proclamer sa rupture avec le modèle soviétique, considéré
comme ayant « dévoyé » le communisme, pour devenir crédible face
aux problèmes nouveaux de la société, aux aspirations nouvelles qui
s’affirmaient et au monde nouveau que façonnait la mondialisation
capitaliste.
C’est
la prise de conscience de cette réalité qui a conduit des « changements »
engagés au PCF dans les années soixante-dix, à « la mutation » se
fixant l’objectif de fonder une identité communiste moderne, à la mesure des
défis de notre temps.
Nous
sommes parvenus à une conception nouvelle –beaucoup plus marxiste - de la
transformation sociale, fondée sur l’intervention consciente de millions
d’individus convaincus qu’il faut, pour changer la société et le monde
dans le sens qu’ils souhaitent, s’affranchir de la domination du capitalisme
mondialisé, et renverser radicalement les priorités : l’être humain
plutôt que la rentabilité des capitaux ; le refus des inégalités et
discriminations plutôt que la mise en concurrence des hommes ; la
citoyenneté partout plutôt que le droit divin patronal et le dévoiement de la
démocratie au profit des gros possédants et des puissants ; un monde de
partage et de co-développement plutôt que la mondialisation des pillages et
des dominations capitalistes.
Mais
cela non plus ne pouvait suffire. Il fallait nécessairement faire correspondre
à cette conception nouvelle de la transformation sociale, une conception
nouvelle d’un parti se réclamant du communisme.
C’est
un autre parti communiste que celui sorti de la matrice du « communisme du
XXème siècle » qui devait relever le défi. Un parti communiste appelé
pour cela à faire face à quatre obligations : se hisser au niveau idéologique
requis pour participer à la prise de conscience de la nécessité et de la
possibilité de libérer la société et le monde du capitalisme ; se
hisser au niveau de proximité requis pour aider, dans la société telle
qu’elle est et bouge aujourd’hui, chacune et chacun de ces millions
d’hommes et de femmes à trouver son cheminement,
sa place et son épanouissement dans l’action transformatrice ; se
hisser au niveau politique requis pour être partout et toujours porteur des idées,
propositions et initiatives transformatrices, comme parti politique appelé à réaliser
des alliances, à participer au travail des institutions de la République, et
concourir à l’expression du suffrage universel ; se hisser au niveau
d’activité international requis pour participer pleinement à l’action des
forces luttant pour une mondialisation de partage et de co-développement.
Le
débat a certes été lancé et placé au centre du travail de « mutation »
entrepris ces dernières années. Mais a-t-il été mené avec la clarté et la
détermination voulues? A-t-il même réellement eu lieu ?
Trop
souvent réduite – par les communistes eux-mêmes, direction nationale
comprise – à une série « d’abandons » de principes anciens
(d’ailleurs devenus d’eux-mêmes caducs) et à des modifications de
structures et de fonctionnement du parti, la mutation a eu tendance à « tourner
en rond » en dérivant quelquefois de l’action vers l’incantation.
C’est pour y remédier que l’objectif initialement proposé au congrès de
Martigues était de poser les bases de la nouvelle formation politique
communiste correspondant à notre nouvelle visée transformatrice. Mais le débat
a tourné court laissant notamment en suspens la confrontation – pourtant ô
combien nécessaire – des différentes « options » suggérées
ouvertement ou de façon voilée : le retour en arrière vers le parti
« d’avant » ; la transformation du parti en aile « gauche »
d’un « grand parti de gauche » en fait dominé par un parti
socialiste « social libéral » ; son intégration à un hypothétique
« pôle », à la radicalité problématique car niant en fait
l’utilité du combat politique ; ou bien sa mutation achevée dans la
fondation d’une nouvelle formation politique communiste.
On
est donc resté, à Martigues, au milieu du gué. Mais pendant ce temps là,
hors du Parti communiste, la vie continuait, engendrant toujours plus de désillusions
mais aussi d’incrédulité sur la capacité du PCF à faire ce qu’il
proclamait ; à sortir de l’enlisement dans une stratégie et une
politique apparaissant réduites à sa participation au gouvernement ; à
retrouver le chemin de la proximité, des luttes, de la rencontre avec la
jeunesse ; à proposer solutions et engagements neufs.
Dans
ces conditions, annonçant en quelque sorte le 21 avril 2002, les élections
municipales de 2001 ont donné l’alerte – sonnant même quelque chose qui
ressemblait au tocsin pour la gauche plurielle, pour le PCF, pour le système
politique tout entier.
Devant
le Conseil national, Robert Hue soulignait que les messages adressés alors par
les électeurs au PCF posaient en fait la question du communisme, « de sa
pertinence dans la France du 21ème siècle ; de sa modernité ;
de sa capacité à ouvrir, avec d’autres, des perspectives transformatrices et
à mobiliser des énergies pour y parvenir ». « Nous sommes,
affirmait-il, dans l’obligation d’aller, au prochain congrès, à la création
d’un nouveau Parti communiste … avec lequel le communisme français
reprendra l’offensive ».
Quelques
semaines seulement après, le bruit du « tocsin »
s’étant estompé, l’objectif proposé au congrès, devenait – à la
faveur d’une nouvelle réunion du Conseil national : « l’adoption
des nouveaux statuts du PCF ». Une fois encore la mutation se voyait ramenée
d’une part à la recherche d’une meilleure gestion de nos rapports avec la
gauche, et d’autre part à des modifications de structures et d’organisation
du parti ! Et le 31ème congrès, à Nanterre, après le 30ème
à Martigues, passait à côté du défi auquel nous nous trouvions pourtant
confrontés, et qu’il y aurait eu urgence à relever.
La
réalité sociale et politique est têtue : tout cela n’est pas apparu
convaincant à celles et ceux qui espéraient « quelque chose » du
Parti communiste. Dans sa cruauté, et bien que particulièrement injuste, la méchante
caricature télévisée montrant que « pendant ce temps-là au parti
communiste……… » il ne
se passait rien d’intéressant en témoignait à sa manière. Et ce fut le 21
avril qu’il se passa ce que nous savons !
******
Et
maintenant ?
Pour
que le débat ouvert dans le parti ne soit pas un simple exutoire, et qu’il ne
puisse être confisqué par personne, les communistes doivent disposer de tous
les éléments d’information et de propositions.
Responsables,
anciens responsables du PCF à différents niveaux et dans différents domaines,
élus ou anciens élus communistes, militants communistes du mouvement social et
associatif, nous voulons assumer et prendre nos responsabilités. Impliqués
dans la mutation, nous voulons nous impliquer dans l’examen critique qui doit
en être fait aujourd’hui – en assumant nos responsabilités dans les avancées
réalisées comme dans les hésitations acceptées, les reculs consentis, ou les
erreurs commises.
Mais
nous voulons aussi prendre nos responsabilités pour l’avenir.
Le
succès des forces de droite tirant profit de l’échec des gouvernements
socialistes, et l’inquiétante progression des idées et des partis d’extrême
droite exploitant l’exaspération des électorats populaires, ne doivent pas
masquer que des valeurs et des idées progressent aujourd’hui, en France, en
Europe et dans le monde. Ce ne sont pas des idées de soumission à « l’ordre
actuel ». C’est tout le contraire. C’est le refus des licenciements
boursiers et du mépris des actionnaires à l’égard du monde du travail.
C’est la remise en cause des contraintes et des régressions qu’imposent le
pacte de stabilité et la construction européenne actuelle. C’est le refus de
l’inhumanité de la mondialisation capitaliste. Et ce sont les aspirations
grandissantes au partage des savoirs et des pouvoirs, à la mise en commun, à
la solidarité, à l’hospitalité,
à une citoyenneté moderne…
Ces
valeurs, ces idées, il se trouve que des hommes et des femmes de plus en plus
nombreux dans le monde les expriment dans des luttes, des manifestations de
grande ampleur, exigeant, à leur façon, avec leurs mots, l’abolition de cet
ordre des choses qu’ils rejettent. Comment ne pas voir l’espace qu’ouvre
cette figure nouvelle de la lutte des classes au XXIème siècle pour un parti
communiste moderne s’inscrivant dans ce mouvement ? A sa place de parti
politique ayant pour objectif la transformation sociale – rien que sa place,
mais toute sa place dans ce mouvement.
Certes,
pour des raisons qui tiennent autant à des comportements du PCF qu’aux luttes
menées contre lui pour mieux assurer l’hégémonie sociale libérale sur la
gauche, ce mouvement s’est développé à l’écart du Parti communiste français.
Il faut en tirer tous les enseignements. De nombreuses organisations liées à
ce mouvement ont pour leur part convenu, après le 21 avril, de repenser leurs
rapports avec les forces politiques. Un Parti communiste moderne peut ne pas
laisser passer cette chance d’apporter, sur des bases neuves, toute la
contribution que l’on doit pouvoir attendre de lui à ce mouvement.
Alors
oui, notre choix, celui pour lequel nous nous engageons dans le débat qui
s’ouvre au Parti communiste français, c’est la création d’un Parti
communiste nouveau.
Un
parti de la transformation sociale affirmant le caractère communiste de sa visée.
En lien actif avec le mouvement actuel de contestation concrète du capitalisme
mondialisé et de promotion dans la société et dans la politique des valeurs
de solidarité, de partage, de mise en commun, de « libre développement
de chacun permettant le libre développement de tous ». Et en toute fidélité
avec le communisme français, ses valeurs, ses luttes et ses projets. Le
communisme français incluant l’expérience du Parti communiste français,
mais ne s’y réduisant pas.
Un
parti ne se contentant pas de se proclamer communiste et de brosser l’esquisse
d’une société nouvelle génératrice de rêves mobilisateurs. Affirmer un
tel projet communiste pour un autre monde est nécessaire. Mais nous pensons que
ce parti doit aussi être porteur d’un projet politique disant
clairement quels objectifs politiques il propose. Par exemple :
-
La tolérance zéro pour les inégalités et les discriminations, opposée
à la mise en concurrence des salariés par le capitalisme. Une pratique généreuse
de l’hospitalité pour les immigrés.
-
Les droits nouveaux des salariés dans l’entreprise, comme mise en
cause concrète de la propriété capitaliste des grands moyens de production et
d’échange, du pouvoir divin qu’elle confère à ceux qui la détiennent, et
de la domination de l’argent-roi.
-
La sécurité d’emploi et de formation, et les moyens donnés aux
jeunes pour leur autonomie, comme alternative créatrice à la précarisation
massive, à l’actuel marché capitaliste du travail.
-
Une société de services publics efficaces et près des personnes, comme
mise en cause concrète de la « marchandisation » de toutes choses,
liée à la mondialisation capitaliste.
-
Une démocratisation de la fiscalité et des institutions, moyen d’une
citoyenneté nouvelle contestant concrètement le pouvoir des puissants sur la
société
-
Une France engagée pour transformer l’Europe et pour une
mondialisation de partage, de co-développement et de paix.
Et
dans le même mouvement un parti disant clairement avec qui, et dans quelles
conditions de respect mutuel et d’efficacité, il veut travailler au développement
du mouvement social, et construire les conditions de mise en œuvre de
politiques allant dans le sens des choix fondamentaux qu’il propose.
Comment
nommer ces objectifs, ce projet politique pour
qu’on les « lise » et les identifie clairement ? Peut-être
est-ce l’objectif et le projet d’une République sociale et citoyenne
engagée pour un autre monde.
Ce
parti communiste nouveau doit, selon nous, se donner des moyens à la hauteur de
cet objectif : par sa capacité d’élaboration théorique ; ses
efforts de formation des communistes ; l’attention portée au développement
de « l’Humanité » comme journal communiste ; son organisation et
son financement au plus près du monde du travail et de la création ; une
direction respectueuse des différences, mais dirigeant réellement la mise en
œuvre des décisions prises majoritairement.
C’est
ce parti communiste nouveau, capable d’affronter les défis du XXIème siècle
que nous proposons de travailler à fonder, avec les adhérentes et adhérents
du parti, et en nous ouvrant audacieusement aux apports d’autres personnes
partageant nos ambitions transformatrices.
Un
tel objectif est évidemment incompatible avec toute dérive qui pourrait, à la
faveur d’une « reconstruction » ou d’une « réinvention de
la gauche, conduire à transformer ce qui resterait du parti communiste en aile
gauchisante d’une « nouvelle force politique » de gauche, qui dans
l’état actuel des choses ne pourrait être que sous hégémonie sociale libérale,
tant du point de vue idéologique que politique.
Il
en est de même concernant le risque de dilution du parti dans un cartel hétéroclite
d’organisations se prétendant « à la gauche de la gauche », mais
dont les conceptions et les pratiques sont à mille lieues de ce qu’attendent
les millions de nos concitoyens qui veulent que l’on fasse, avec eux, la
politique autrement.
La
voie que nous proposons d’ouvrir se situe tout aussi évidemment en opposition
aux velléités de retour en arrière faisant fi des avancées théoriques et
politiques réalisées par les communistes au prix d’un immense effort des
trente dernières années.
Une
conférence nationale doit avoir lieu, quelques jours après les élections législatives.
L’objectif qui lui a été fixé est de « lister » les problèmes,
les débats et les propositions. Elle n’aura guère le temps d’aller au-delà.
D’autres
étapes devront sans doute être retenues pour que le débat s’élargisse et
s’approfondisse, et pour que des propositions puissent être soumises aux
votes des communistes – à partir de ce qu’ils auront exprimé dans ce débat
– en vue d’un congrès à organiser dans un délai suffisant pour pouvoir
travailler.
Pour
notre part, et s’il y a un congrès, nous le souhaitons
fondateur du parti communiste du XXIème siècle.
C’est
dans cet esprit que nous versons à un débat que nous voulons ouvert et
constructif cette contribution collective.
Yves Adelin, Lucien Atencia, Philippe Barrière, Dominique Bègles, Roland Bernard, Jacques Bessières, Alain Blanchard, Pierre Blotin, Gilles Bontemps, Annette Boussinot, Jean-François Boyer, Didier Breuil, Gérald Briant, Henri Brusq, Jean-François Carlier, Michel Carmouze, Jacques Chabalier, Daniel Cirera, Michel Clerc, Denis Cohen, Jean-Pierre Cornevin, Philippe Daguerre, Edmond Dechery, Hervé Delorme, Karine Delpas, Philippe Denis, Jean-Claude Dougnac, François Duteil, Denis Duvot, Jean-Paul Escoffier, Jean-Louis Faure, Michel Fradet, Bernard Frédérick, Michela Frigiolini, Paul Fromonteil, Jean-Louis Frostin, Olivier Gebuhrer, Jean-Yves Gendron, Daniel Gerbaud, Daniel Gilles, Dominique Grador, Michèle Grüner ,Silvio Guingan, Patrick Hatzig, Frédéric Imbrecht, Roland Jacquet, José Just, Christian Jutel, André Lajoinie, Christian Langeois, Jean Lavielle, Jacques Le Digabel, Isabelle Lefebvre, Paul Lespagnol, Jean Lojkine, Jean-Paul Magnon, Maurice Marion, Denis Martin, Michel Maso ,Pierre Mathieu ,Jacqueline Maucourant, Jean-François Mémain, Serge Morin , Alain Obadia, Yannick Peltier, Annie Perronnet, Chantal Petitjean, Michèle Picaud, Claude Pondemer, Jean Portejoie, Fabienne Pourre, Catherine Puig, Jean-Paul Quinquenau, Stéphane Sahuc, Cathy Savel, Alain Simon, Liliane Sommeiller, Arnaud Spire, Gérard Streiff, Jean-René Teillant, Serge Terrier, Roger Tirlicien, Thierry Touvron, Joë Triché, Danièle Truc, Evelyne Valentin, Pierre Vienney, Marie-Pierre Vieu, Maxime Villota, Michel Warcholak, Anna Zajac, Alain Zoughebi
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